SYNDROME DE LA « MALADIE DES LOISIRS » : POURQUOI EST-CE QUE JE TOMBE TOUT LE TEMPS MALADE EN VACANCES ?

Vous attendez impatiemment vos vacances pendant des mois mais redoutez à chaque fois de tomber malade dès les premiers jours ? Vous n’êtes pas seule, sachant que des études ont même démontré les …

Alors que de nombreuses personnes s’apprêtent à profiter de leurs vacances estivales, certaines d’entre elles prédisent d’ores et déjà qu’elles seront malades durant cette période. Ainsi, les voilà à peine enregistrées à leurs hôtels qu’elles se retrouvent à devoir prendre des mouchoirs pour soulager un nez qui coule ou des cachets contre les maux de tête. Cette situation est tellement familière qu’elle bénéficie même de plusieurs surnoms : l’effet d’abandon, la maladie des loisirs, le syndrome des vacances ou encore le syndrome du paradis. Il s’avère que le stress en serait le principal motif, comme l’explique le Dr Suhail Hussain, médecin généraliste au journal The Independant. « Lorsque le corps est habitué à fonctionner avec des niveaux élevés de cortisol et d'adrénaline, des hormones du stress, et qu'ils diminuent soudainement, notre système immunitaire est exposé et nous sommes alors sujets à des infections mineures et à une fatigue excessive. », indique-t-il. « Il peut également y avoir une augmentation des problèmes de santé mentale, tels que l'anxiété aiguë et les attaques de panique. Les poussées de maladies chroniques préexistantes sont également un phénomène courant, par exemple les crises de migraine et d'asthme. »

Le constat est le même pour Catherine Raymond, candidate au doctorat au Centre d’études sur le stress humain, qui explique au site de l’Agence Science-Presse que « quand un stress important tombe d’un coup, le système immunitaire peut tomber aussi (…) le cerveau stimule les glandes surrénales, qui à leur tour entraînent la sécrétion d’hormones comme l’adrénaline et le cortisol. Il envoie aussi des messages pour renforcer le système immunitaire afin que le corps puisse guérir plus vite en cas de blessure. » L’avantage de ce mécanisme, bien que synonyme d’une période de stress intense, est que l’on a justement moins de risque de tomber malade pendant celle-ci, comme lors d’examens de fin d’année ou la planification d'un mariage. En revanche, on peut tomber malade une fois que ce moment intense est derrière nous. « Le système primitif envoie le message que la menace est passée. D’un coup, les hormones de stress diminuent et le système immunitaire ralentit. Si on est exposé à un microbe, grippe, rhume ou gastroentérite, on risque de l’attraper plus facilement. », soutient la spécialiste du stress humain.

Trop d’adrénaline et de cortisol en cas de stress intense

Une autre situation fréquente concerne les personnes qui souffrent de douleurs vagues et de fatigue au début de leurs congés : celles-ci ne tombent pas malades en soi mais prennent conscience de leurs maux physiques lorsqu’elles entament une période de repos après des semaines de travail chargées. Car la distraction est soudainement moins importante et c’est à ce moment-là qu’elles commencent à ressentir réellement leurs douleurs. Encore une fois, les hormones de stress sont en cause même si leur utilité ne fait aucun doute de manière générale. « Nous sommes programmés pour réagir au danger avec un mode « combat/fuite » qui produit une augmentation des niveaux d'adrénaline et de cortisol. », ajoute le Dr Hussain. « Ces deux hormones contrôlent l'humeur, la motivation et la peur. En période de stress ou d'anxiété accrue, les niveaux d'adrénaline augmentent, provoquant une surcharge du système nerveux sympathique, et entraînant un pouls accéléré et une pression artérielle élevée. » C’est pourquoi adrénaline et cortisol ne doivent pas être constamment sécrétés en grande quantité dans l'organisme.

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Si c’est le cas, alors le médecin prévient que « ces hormones seront toujours actives et les processus inflammatoires sont accélérés. Résultats : votre système immunitaire est affaibli car des niveaux constamment élevés de cortisol dans votre sang peuvent entraîner une inflammation et un système immunitaire affaibli. » Le manque d’études à ce sujet ne permet pas de savoir quel pourcentage de la population est plus à risque mais une étude-pilote menée à l’Université de Tilbourg aux Pays-Bas concluait en 2002 qu’environ 3 % des hommes et des femmes seraient plus enclins à tomber malades en vacances qu’en temps normal. Pour sa part, Catherine Raymond préfère être prudente. « Les études sur le système immunitaire sont complexes et plusieurs facteurs peuvent jouer : la qualité du sommeil, l’alimentation, la pratique d’un sport, l’hygiène de vie, la réponse au stress, les techniques de relaxation. Je n’ai donc pas de chiffres à donner, mais on peut penser que ceux qui souffrent d’un stress important au travail et à la maison sont le plus à risque de tomber malades quand ils s’arrêtent brusquement. », atteste-t-elle auprès de l’Agence Science-Presse.

Savoir écouter son corps au quotidien… et détresser progressivement en vacances

Quant aux personnes qui tombent malades chaque fois qu’elles sont en vacances, celles-ci devraient peut-être le voir comme un signe qu’elles ont de la difficulté à gérer leur stress. Il s’agit alors de savoir écouter son corps en premier lieu, et pas seulement lorsque ce dernier est au repos. « Si votre corps vous donne des signes avant-coureurs que le stress chronique fait des ravages, il est important d'écouter. Le fait de présenter des niveaux élevés de stress est très mauvais pour vous. Cela entraîne des effets immédiats comme ce syndrome mais également des conséquences à plus long terme, telles que la formation de plaques dans les artères, favorisant l’apparition d’événements coronariens et d’accidents vasculaires cérébraux, de l’anxiété et des troubles dépressifs, un risque d’addiction et même d’obésité. », fait remarquer le médecin, qui souligne que certains signes sont à surveiller : tomber souvent malades, et pas seulement en vacances, éprouver une sensation de fatigue chronique et un manque d’énergie, souffrir d’un sommeil très perturbée ou encore présenter une pression artérielle élevée et une mauvaise réponse au glucose.

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Les personnes concernées ne doivent pas hésiter à aller consulter leur médecin généraliste, pour chercher avec lui comment le meilleur moyen d’apprendre à gérer son stress au quotidien. Le médecin recommande notamment de veiller à « réaliser une séance de relaxation par jour, passer du temps au soleil, observer la nature et écoutez de la musique relaxante. » Le Dr Suhail Hussain insiste aussi sur l’importance d’établir horaire de sommeil régulier, de prendre le temps de lire et de passer du temps avec sa famille et ses proches. Enfin, sa dernière recommandation n'est autre que de « ne pas se contenter de travailler, de travailler et encore travailler dans l'attente des grandes vacances. » Mais peut-on, en outre, adopter des bonnes habitudes lorsque celles-ci se profilent pour être sûre d’en profiter au maximum sans souffrir de désagréments ? Les premières solutions possibles selon Catherine Raymond consistent à « diminuer le stress graduellement, prendre la semaine pour clore les dossiers importants au lieu d’attendre la veille, prévoir au moins une journée tampon entre le dernier jour de travail et le départ en vacances. »

La raison est simple : notre organisme n’aime pas les périodes de transition, surtout si elles sont abruptes. « Partir au lendemain d’un gros rush, c’est presque la recette pour tomber malade. Et bien sûr, une fois arrivé, dormir, bien manger et boire suffisamment d’eau. Tout ça permet de mieux résister à l’assaut des virus. », conclut la spécialiste. A noter que, outre la nécessité de ne pas tout régler à la hâte la veille de son départ en vacances, il est également recommandé de ne pas redoubler d’efforts juste avant pour tout terminer, quitte à dresser une liste des tâches prioritaires à clôturer (et tant pis pour les autres).  Sur place, mieux vaut également se « déstresser » progressivement au lieu de s’allonger directement sur la plage : essayez de maintenir un certain degré d'exercice, de sorte à réduire le stress en douceur pour que le corps puisse s'acclimater lentement. Enfin, pourquoi ne pas prévoir également de rentrer chez soi une journée avant la fin officielle des vacances pour bénéficier d’un jour « tampon » avant le retour au travail. Et ce d’autant que la « to do liste » après une longue absence (lessives, courses, médecin…) peuvent aussi apporter leur lot de stress.

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